Visions du métier de photographe de mariage
Vous êtes photographe amateur ou faites des études pour devenir photographe? Si vous avez dans l’optique de vivre de votre métier, sans doute vous est-il venu à l’esprit de vous tourner vers le métier de photographe de mariage. Ceci peut s’expliquer par le fait que la demande d’une telle prestation est importante et régulière : plus de 250 000 mariages en France sont recensés chaque année! D’autre part, vous avez probablement été attiré par l’aspect relationnel et épanouissant de la photo de mariage, le mariage restant une journée qui se veut « magique » et exceptionnelle.
J’ai donc pensé à interviewer 4 photographes, en leur posant chacun les mêmes questions. Vous pourrez ainsi apprécier les différentes visions de chaque photographe de mariage et retrouver beaucoup de points communs pour vous faire votre propre idée du métier.
- David Bornais est photographe basé à Lyon. Il est amené à voyager dans toute la France et même à l’étranger. C’est un photographe que j’apprécie de part son contact chaleureux et sa sensibilité.
http://www.davidbornais.com - Jacques Mateos est photographe professionnel depuis 2006 . Initialement sur de l’illustration il est passé au portrait d’enfant de façon plus intensive en 2007 puis au mariage.
http://www.magicflightstudio.com - Raffi Mardirossian est photographe par passion depuis 16 ans. Père de famille, il s’en lancé dans l’aventure de la photographie de mariage il y a quelques années seulement.
Photographe mariage - Iwona Paczek est photographe issue du secteur de la mode et beauté. Pour ses photographies de mariage, elle y puise son inspiration et apporte une touche de volupté et de rêve. Elle vit entre Toulouse et Paris.
http://www.moncontedefees.com
David : Le mariage d’une amie… Un jour, j’ai fait quelques photos à l’occasion du mariage d’une de mes amies et j’ai adoré. Je faisais à ce moment là de la photo animalière, sportive et de paysage et j’ai voulu m’essayer à la photographie de mariage, juste comme ca. Finalement, mon amie m’a pris toutes mes photos car elle les a adorées ! Et puis je rentre dans l’intimité des gens et je raconte un petit bout de leur histoire, c’est génial !
Jacques : De proche en proche, j’en ai fait un et cela m’a plus énormément, j’ai utilisé ce que je savais faire: du reportage et des portraits ce qui est parfait pour du reportage de mariage, associé à mon savoir faire en paysage et photo de scène cela m’a permis d’offrir une vision complète de la journée.
Raffi : La photo a toujours fait partie de ma vie, mon père passait son temps à nous photographier, ma soeur et moi. La photo a fait partie donc de mon quotidien… quel plaisir, non de se faire photographier mais de revivre les instants capturés. C’est là mon point de départ de ma passion photographique.
Iwona : Bonjour Vincent, c’est surtout mes proches qui m’ont proposé cette idée – en effet, j’ai couvert quelques événements familiaux (dont deux mariages) et mes photos ont plu. A savoir que je viens du milieu de la mode, et c’est ce petit plus qui m’aide à me démarquer des autres photos, plus « traditionnelles » dans leur approche et leur traitement.
J’accorde une grande importance à l’harmonie des couleurs, aux détails et je veux surtout offrir une part de rêve – des photographies sur lesquelles on s’attarde un peu plus que 3 secondes. D’autant plus qu’il s’agit du plus beau jour de la vie des futurs mariés…
David : Principalement dans les magazines de mode et sur Internet.
Jacques : Partout, toutes sortes de support: les magazines, les revues comme Polka pour l’approche du reportage.
Raffi : Est ce vraiment un travail d’inspiration ? je pense que la photo est avant toute chose un travail d’attention et de sensibilité.
Il ne s’agit pas de se sentir inspiré puisqu’il est question de rapporter les faits et cela sans artifice.
Iwona : Justement, comme j’ai dit précédemment, je recherche cette ambiance un peu rêveuse et mon inspiration vient des contes de fées que l’on me racontait étant petite.
David : Le plus simplement du monde… J’essaie le plus souvent de venir chez eux pour mieux les connaître et nous discutons de leur mariage, de leurs envies et je leur propose mon travail. Nous ne discutons pas trop des détails mais plutôt de l’aspect général de l’événement.
Jacques : Je leur demande de me parler d’eux et de comment ils voient leur mariage, c’est le point le plus important. Je n’impose pas, j’essaye de m’adapter. Je n’ai pas une approche « d’artiste », d’ailleurs je ne revendique pas du tout cette appellation. Je suis plutôt un conteur.
Raffi : La première rencontre est décisive. J’essaye d’écouter au maximum les futurs mariés pour comprendre qui ils sont.
De cela découlera le type de relation à instaurer et le type de travail à remettre.
Iwona : Il est important de connaître leurs besoins et leurs souhaits. Et ensuite, proposer ce que l’on peut faire avec et pour eux.
David : Pour ma part, non, je n’ai jamais eu de demandes extravagantes. Chaque mariage est unique mais chaque couple suit le même fil rouge. C’est déjà un événement très important pour eux et ils veulent que tout se passe super bien. Ce n’est pas la peine d’en rajouter. De temps en temps nous faisons des séances d’engagement (pour mieux se connaître) et je suis déjà partie en voyage de noces avec certains couples… C’était très sympa. La demande qui revient le plus souvent, c’est d’avoir des photos naturelles et originales et c’est ce que j’essaie de faire au maximum.
Jacques : Pas vraiment non.
Raffi : Les futurs mariés qui font appel à mes services me précisent le plus souvent qu’ils ont aimé la simplicité et l’authenticité qui accompagnent mes photos. C’est la base et le coeur de mon travail, je ne photographie que dans cette intention.
David : Non, en général je me laisse porter par l’événement et par la lumière ambiante. J’aime la spontanéité et le fait de repérer les lieux m’oblige à faire telle ou telle photo. Je n’aime pas.
Jacques : Les séances de photos de couple oui, je sais où je vais, je sais ce que j’ai envie de faire et je les « pousse » ou je les aident à le faire, j’essaye de les surprendre (oui vous pouvez le faire). Je ne fais jamais de reconnaissance pour les reportages, cela ne sert à rien et c’est un piège.
Raffi : Jamais. La photo est une histoire de spontanéité, la préparation s’apparente à la pose… on n’anticipe pas une belle photo.
Iwona : Bien entendu. J’aime savoir où auront lieu les événements et imaginer par la suite une mise en scène. Tout ceci, pour bien connaître le terrain et être préparée au mieux.
David : Le relationnel est la clé de tout. Une bonne communication entre les mariés et le photographe est primordiale. Il faut également s’intégrer aux invités, aux proches, à la famille et être la personne la plus sympathique de la journée. C’est une image bien sûr mais le plus important c’est d’être toujours à l’écoute.
Techniquement, je n’y fais plus attention. La photographie de mariage est un domaine qui regroupe presque tous les styles de photos. Vous devez prendre des photos de jour, de nuit, en lumière naturelle, en lumière artificielle, en intérieur, en extérieur… et pour maîtriser tout ces aspects, seule l’expérience compte. Il faut donc multiplier les mariages et ne plus penser à la technique. En mariage, nous n’avons pas le temps, tout va très vite.
Jacques : Ils ne reviennent pas mais sont fondamentaux: l’empathie, l’écoute. L’intégration dans le mariage doit être naturel, en fait tout ce qui est lié à la communication est vraiment la base. Les aspects techniques je les ai au fond de moi, ce sont des outils comme la focale, ou la profondeur de champ. Le cadrage, se placer, on le fait sans trop y penser.
Raffi : JA parfait mi-chemin entre le savoir vivre et l’éducation, la relation avec les mariés donnera le ton de la rencontre, je la soigne particulièrement. L’aspect technique est plus rarement abordé par les futurs mariés : après tout c’est pour l’émotion qu’ils nous choisissent, il est préférable de parler photo-émotion que technique-photo.
Iwona : Aspects relationnels – je dirais qu’à partir du moment où nous faisons quelque chose qui nous tient à cœur, les gens nous font confiance et se laissent guider. Pour ce qui est de la technique, j’apprends tous les jours et je pense que le métier de photographe est en constante évolution. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers…
David : Dans chaque photo, j’essaie de combiner l’élégance, l’émotion et l’originalité. Ce n’est jamais facile mais c’est la mission que je me suis donné. Ce travail, je le fais dès la prise de vue et également en post traitement. Mais je n’essaie pas d’avoir un style bien particulier. Je fais surtout les photos que j’aime.
Jacques : Je suis en mode ‘ON’ dès le matin… je suis vigilant en permanence, je me déplace beaucoup, je travaille de près et je ne supporte pas le terme « photo volée », je ne vole rien, j’historise pour la postérité !! C’est amusant de savoir que ma passion est le N&B (vieilles balades en galerie dans le années 80) et que les gens après avoir vu « mes couleurs », finalement, veulent de la couleur. C’est presque frustrant, alors je mets des touches dans mes livres.
Raffi : Un regard simple. Une absence totale d’artifice. La spontanéité, la sensibilité … et enfin savoir présenter son travail tout en le mettant en valeur : c’est le secret d’un travail artistique et authentique.
Iwona : Je pense que ce qui fait la différence, c’est la sensibilité de chacun. Et comme je l’ai mentionné plus haut, je me crée un monde de conte de fée, et j’invite les autres à en faire partie.
David : – Maîtriser son matériel avant le mariage et ne pas se poser la question le jour J de savoir comment faire telle ou telle chose… pas le temps pour ca ! – Etre à l’écoute des mariés et savoir ce qu’ils veulent vraiment – Se faire plaisir et communiquer sa passion
Jacques : Maîtriser sa technique, ne pas prendre de risque technique le jour J puis comprendre, regarder, écouter la technique n’est qu’un moyen qu’il faut oublier.
Raffi : Je dirai : 1- ne pas tenter de maîtriser les événements ni les mariés 2- être attentif à tout pendant toute la journée du mariage 3-accepter que son travail nécessaire un post traitement.
Iwona : Aimer ce que l’on fait ? Aimer photographier ? Et évidemment, connaître son matériel…
David : J’utilise du matériel Canon avec 2 Canon 5D II et 4-5 objectifs comme le 24-70 2.8 ou le 50 1.2 que j’adore !
Jacques : 5DMKII et 1DS MKIII avec 24 1.4, 16-35, fish eye 16 diagonal puis 50 1.4, 24-70 et 70 -200
Raffi : Je travaille avec 2 Nikon D3s, D700, avec un 50mm 1.4, 14-24mm 2.8 24-70mm 2.8, et un 70-200mm 2.8 toutes optiques chez Nikon dont je suis particulièrement satisfait.
Iwona : Je travaille essentiellement en numérique. Mon matériel est le même que celui que j’utilise pour mes photos de mode – du matériel destiné aux professionnels, cela va de soi.
David : Trop !!!!! Je passe plus mon temps devant mon ordi que derrière mon appareil et je n’aime pas ça mais c’est indispensable. J’adore retravailler mes photos, faire mes albums… mais la partie contact, commercial et marketing me prend beaucoup de temps. Et ce n’est pas la partie que je préfère…
Jacques : Les 2/3 du temps.
Raffi : Je me suis amusé à calculer cela il y a quelques semaines, j’en suis arrivé à la conclusion que le temps de post-traitement pour un mariage représentait en moyenne 4 fois la durée du mariage.
Il faut compter 3 à 4 jours pour une journée de photos de mariage.
Iwona : Pour l’élaboration des albums, je m’accorde également du temps – l’aspect esthétique est primordial et je fais en sorte que l’album soit un bijou, par son élégance (l’album que je propose est argenté avec un nœud en satin), mais aussi par la qualité des tirages papier effectués par un laboratoire professionnel.
Pour les contacts, dans la plupart des cas, il s’agit du bouche à oreille, les personnes qui sont satisfaites de mes services en parlent autour d’elles. J’essaie également d’être présente sur divers forums.
David : Mon site internet est l’outil qui me permet aujourd’hui de me faire connaître. Le bouche à oreille commence aussi à se développer mais c’est avant tout mon site. En ce qui concerne ma notoriété, je ne m’en préoccupe pas. Pour l’instant, je fais ce qu’il me plaît avec les gens qui aiment mon travail, et c’est déjà bien assez. Si un jour la notoriété pointe le bout de son nez, ça viendra naturellement mais ce n’est pas ce que je recherche aujourd’hui.
Jacques : Le bouche à oreille, la qualité avant tout. La qualité c’est les points évoqués ci dessus et ne jamais décevoir, faire plus que ce qu’attends le client.
Raffi : Se faire connaître ? Mes mariés et mes photos créent un « bouche à oreille » absolument fantastique.
La notoriété s’acquiert et se travaille au quotidien, il faut choisir ses partenaires, les lieux où vous travaillez et enfin apporter un soin tout particulier à la présentation de vos travaux.
Iwona : J’évolue dans le monde de la photo depuis 6 ans déjà et c’est la persévérance qui m’a permis d’être là où j’en suis aujourd’hui. Evidemment, la durée de l’expérience quelle qu’elle soit ne suffit pas, il faut également avoir ce petit quelque chose qui fait la différence. Comme je le disais déjà, la sensibilité y est pour beaucoup.
David : Oui, la vie sauvage africaine. J’adore me ressourcer en hiver et partir en Afrique et m’adonner à ma seconde passion, la photographie animalière.
Jacques : J’en ai plusieurs mais qui demandent à être immergé in situ, je n’ai pas encore le temps mais j’y pense. J’ai fait les casinos et les hôtels de luxe à Macau pour une revue de voyage, on peut y mêler toutes sortes d’images, avoir des axes de lecture différents, c’est passionnant.
Raffi : Non la photographie de mariage est le résultat de mon parcourt de photographe … j’en suis arrivé là … c’est ce que j’aime …
Il y a de l’émotion, il n’y a pas le droit à l’erreur, c’est un journée chargé d’émotion … le contexte est idéal, les mariés parfaits … on a pas le droit à l’erreur.
C’est ce que j’aime.
Iwona : J’ai toujours beaucoup d’idées en tête et des projets qui en découlent. Tout ce que j’entreprends me tient à cœur – qu’il s’agisse des photos de mariage ou de mode.
Très bel article avec de bien belles images. Cela donne bien envie d’en faire un jour…
Attention la photo de mariage genere des benefices enormes chez certains photographes !
Sur le blog de Raffi, on apprend que les photographes paient les tirages 15×23 (?) 0,59€ et qu’il les revendent a plus de 10 Euros. C’est un incroyable benefice. Peut-etre qu’en Bulgarie les photographes facturent moins cher… Il y a encre des gens qui ont honte de gagner de l’argent… Incroyable !
Mach,
C’est typiquement un mode de fonctionnement qui permet au photographe d’être payé par les tirages et non pas par le contrat initial, le prix du contrat étant toujours (très) bas.
C’est représentatif d’une certaine façon de travailler qui vise à vendre des tirages aux familles et aux invités en fort volume pour atteindre à minima le point d’équilibre.
Je ne comprends pas pourquoi prendre autant de risques sur les ventes. Tu fais un travail qui a une valeur que tu facture. On te paie pour ce que tu as fait. Un mariage, c’est un travail. Un vrai travail. Pas un truc au petit bonheur la chance d’etre paye pour ce que tu as fait et qu’on veut bien te payer. Personnelement, je ne vis pas dans le doute… En tout cas je trouve ce systeme devalorisant pour la profession.
Mach, je suis entièrement d’accord, je ne travaille pas comme ça du tout.
C’est une méthode qui appartenait au passé mais qui perdure pour certains.
Excellente interview, j’adore le travail réalisé, merci de nous l’avoir présenté au travers de ces interviews !
Interview très intéressante. Je partage beaucoup des points de vue des photographes interviewés. La photographie de mariage est, à mon sens, l’une des approches les plus intéressante de la photographie car elle oblige à avoir une technique impeccable (pas le droit à l’erreur ou à réfléchir trop longtemps), les décors et personnes sont souvent magnifique (ce qui aide tout de même pour réaliser de belles photos !). Le contact avec le couple, et les proches est primordiale. C’est d’ailleurs sans doute l’aspect qui m’intéresse le plus, l’intimité, dans cette journée si chargé pour les mariés (dans tous les sens du termes).
Félicitation aux photographe pour toutes ces photos magnifiques !
Super interviews et super photos, tres bon travail!
Belle interview dans laquelle se mêlent bon sens et sincérité.
4 approches de la photographie de mariage, 4 univers personnels, 4 styles photographiques et surtout 1 point commun : la passion pour ce beau métier de photographe de mariage !
Avec en prime de belles photos de mariage…
Interview croisée très intéressante.
Je ne cesserais de le répéter mais le tarif d’un photographe de mariage est toujours en rapport avec son savoir faire.
Un photographe à 200 euros vaut 200 euros
Un photographe à 3000 euros vaut 3000 euros(enfin presque toujours le cas)
Le post traitement me prends les 3/4 de mon temps sur une prestation de mariage.
Encore une fois j’insiste sur le fait que la valeur ajoutée est la clé …
Bravo à ces photographes.
Très intéressantes ces interviews. Ca me permet également de découvrir 2 photographes que je ne connaissais pas. Merci.
Une très bonne idée d’avoir fait ces interviews ! Moi aussi j’ai pu découvrir un photographe que je ne connaissais pas, merci.
Oui. Je suis assez d’accord avec les réflexions écrites précédemment. On ne paye pas seulement le support papier de la photo, mais aussi le savoir-faire, le savoir-être, les connaissances, le matériel, la prise de vue, la post-production…et j’en passe
C’est un vrai (et dur) métier.
Bonjour Vincent,
je réalise un travail concernant la photographie de mariage, en Suisse. Il serait cependant intéressant de faire une analogie entre nos 2 pays. Vos interviews sont riches et très intéressantes, c’est pourquoi je me demandais si je pouvais les réutiliser dans mon travail.
Amicalement,
André Schaffter
Intéressant, merci pour ces explications